Un tatouage sur l'épaule du vent
 
Performance de poésie comédienne pour JEUNE PUBLIC
à partir de textes de François Philipponnat - droits SACD

Joué sous forme de spectacle par la Cie L'Albatros jusqu'en 2015,
le fonds de textes est maintenant proposé en performances
par F. Philipponnat & N. Cabarrot, comédienne

○ en médiathèques : interventions dans le secteur Jeunesse ou auditorium
pour un groupe spécifique, ou lors de rendez-vous ouverts, répartis au cours de la journée.

○ en milieu scolaire : Classes élémentaires, collégiens de 6me - 5me, au CDI ou en classe.

  ○ dans les lieux culturels et festivals -  Poésie "tout public"

Issu du recueil "Un tatouage sur l'épaule du vent", le contenu s'enrichit librement de nouvelles créations.
Il est à géométrie variable, selon l'âge des auditeurs et la durée de la prestation.

Budget : 2 Cachets GUSO 250 € net / Frais de déplacements (depuis le Gard) / Accueil / selon projet


Point de vue
"Une jonglerie de mots, maniés avec une dextérité diabolique, qui coulent et filent comme de l'eau vive"… 
Midi Libre Montpellier

EXTRAITS (+ en page : Livres)

A son premier jour
l’homme ne pense à rien.

A son millième jour
il pense : "je vais mourir ?".

A son premier jour
la libellule ne pense à rien.


(à deux voix)

D'un coté
De l'autre

Entre les deux
Oui
Non
Peut-être.

D'un coté oui
De l'autre non
Entre les deux peut-être
Choisir ?

Le jour
La nuit
Le crépuscule
Pour
Contre
Il faut voir
Bon
Mauvais
Pas si mal
Froid
Chaud
Tiède
Fille
Garçon
Silence
Vacarme
La pendule qui hésite entre les deux
Toujours choisir ?

Respirer.

Un piment
Un lait fraise
La vie
La mort
La mort ? Quelle mort ?
Si le fromage garde le souvenir du lait et le lait celui de l'herbe et l'h…
que veux-tu qu'il nous arrive ?

L'océan se ramasse et répète son geste
Quelle mort ?
Il n'y a jamais eu qu'une seule vague !

Le fils a les yeux de son père
Quelle mort ?
Il n'y a jamais eu qu'un seul homme !

- L'arbre
- à feuilles
- de l'arbre
- à feuilles
- de l'arbre à feuilles de l'arbre
- à feuilles de L'ARBRE A FEUILLES !
- de l'arbre à feuilles de l'arbre à FEUILLES DE L'ARBRE !
- A FEUILLES DE L'ARBRE A FEUILLES DE L'ARBRE A FEUILLES DE L'ARBRE A FEUILLES DE L'ARBRE A FEUILLES DE L'ARBRE…
- OH !

L'arbre mange ses feuilles enterrées par l'automne
Quelle mort ?
Il n'y a jamais eu qu'un seul arbre !

Le nuage se voit dans l'étang
Quelle mort ?
Il n'y a jamais eu qu'une seule eau !

Dans tous les cirques du monde le début se prend pour la fin
et nos questions tournent en rond dans un galop de courants d'air

Si nous connaissons toutes les histoires par cœur
que veux-tu qu'il nous arrive ?

- Et les guerres ?
- Je ne sais pas des erreurs des épines sur nos fleurs
...Et si un beau soir s'était levé ?
Et que tout avait commencé par une nuit ?
Nous aurions eu peur du grand jour ?
Tous ces gens qui nous auraient sauté aux yeux
qu'aucune ombre ne serait venue cacher !
Peur du grand jour !
où se seraient promenées d'horribles créatures lumineuses
et des couleurs bigarrées à faire frémir
des jaunes citron et des bleus ciel
des vermillons
surgis pour blesser le gris
trancher le noir
faire briller l'obscurité rassurante des caves et des greniers !

- OH !

A l'ombre d'une graine
de baobab
ou sous la branche naine
d'un arbre mort
fatigué, je dors !



La marée monte

Le bateau de sable tremble de tous ses grains

comme à chaque fois !


L'été
j'attends
pour voir les oiseaux
sur les branches d'hiver.

L'hiver
j'attends
pour cueillir leur voix
sous les feuilles d'été.

A l'automne
je me languis
du retour
des voyageurs.

Le printemps
avec sa verdure
confisque mon rouge
et mon or.

Toujours j'attends
le prochain tour.

Où est l'absent ?
○○○
 

Collés ! cloués ! vissés !
les oreilles bouchéesla bouche bée
collésclouésvissés
les yeux par milliers au ciel
collésclouésvissés
les pieds au milieu d'un miel
tous les yeux les pieds par milliers
collésclouésvissés au miel du ciel
le soir du
FEU d'ARTIFICE !
Tous
fils
du feu
FEU d'ARTIFICE !
Tous
fils de l'art
du feu
phare
du lieu
FEU d'ARTIFICE DU FEU !
tous
fixent le
FEU d'ARTIFICE !
Il brille
aux yeux
des filles
des fils
qui voient
et bissent
le feu d'autrefois

Tous les fils toutes les filles
puisqu'onleuraconfisqué le feu
dansent dans les escarbilles
confettis brûlants dans les yeux
Ils peignent des galaxies
de loupiotes
Ils veulent blanchir la nuit
qui clignote
Ils plantent des saules pleureurs le long de l'ombre accrochent
leurs cris à la guirlande d'éclairs et font courir
le feu du premier jour jusqu'au soir de la fête
Ils font un
FEU D'ARTIFICE !
Ils font un vœu et tissent
l'histoire sans fin
de la première étincelle
Ils sont peureux se glissent
pour voir
Ils sont heureux applaudissent
le soir
Ils ont lâché la ficelle
des étoiles filantes
sur leurs voiles si lentes
mais ce sont des friandises de lumière qu'un monstre noir dévore aussi vite qu'on les lui jette
ô la belle jaune !
ô la belle bleue !
la belle rose offerte aux yeux
mendiants
toutes disparues dans la gueule noire
de l'animal du soir
mais ce sont des bijoux volés à peine portés des bijouxbougies volés au cou de la nuit
ô la belle jaune !
ô la belle bleue !
la belle rose offerte aux cieux
gourmands
Ils domptent des langues de dragon
dragon des langues
pour rassasier l'obscurité
tenir jusqu'à l'or du matin !
Les pyrophores lancent leur gyrophares
dans le bouquet final
et ferment les paupières
à cause de la couleur
celle d'avant les couleurs
qui guette

Pas de fumée  pas de fumée  pas de fumée
Pas de pas de pas de pasdepasde
Pasdefupasdefupasde fumée sans feu
pasdefuméesanslefeudu premier jour
Pas une poussière de lumière
pas d'aujourd'hui ni d'hier
sans le gang des fusées
sur la ligne de départ
toutes blotties
au creux du

BIG BANG  !

Mille mèches
font crier la poudre
d'UN point
premier coup de foudre
Tout
Touta
Toutattend
Toutattendait
Toutattendaitdans
Toutattendaitdans
Toutattendaitdanscetoeuf
qui fait maintenant rouler ses billes de mots bouillants lâchées en meutes aux douze coins du monde tout neuf
Coup de baguette cosmique
Coup de comète magique
le BIG BANG
nous tangue
et déroule le grand tapis du cosmos
sous nos pieds nos mains nos ailes
éperviers dauphins gazelles
rhinocéros
le BIG BANG
lance sa vague
comme un couteau dans l'espace
sculpte les gens les choses
à coup de temps qui passe
se pose
et fait taire ses canons qui résonnent pendant treize milliards d'années...

jusqu'au soir où
Collés  ! cloués ! vissés !
les oreilles bouchéesla bouche bée
collésclouésvissés
les yeux par milliers au ciel
collésclouésvissés
les pieds au milieu d'un miel
tous les yeux les pieds par milliers
collésclouésvissés au miel du ciel
le soir du

Tous les yeux les pieds par milliers
collésclouésvissés au miel du ciel
le soir du

au miel du ciel
le soir du
FEU d'ARTIFICE !


J'habite dans un rond
Tout est égal
Rien de pointu
J'ai pris avec moi mon cerceau
Il y tient juste.

J'habite dans un cerceau
Tout est égal
Rien de pointu
J'y ai mis l'ombre de la pleine lune
Elle y tient juste.

J'habite dans la lune pleine
Tout est égal
Rien de pointu
J'y ai mis ma tête
Elle y tient juste.

J'habite dans ma tête
Tout est égal
Rien de pointu
J'y ai mis ma patience
Elle y tient juste.

J'habite dans ma patience
Tout est égal
Rien de pointu
J'y ai mis tout mon temps qui fait des ronds dans l'eau des jours
Il y tient juste.

J'habite dans un rond
Tout m'est égal
Rien de pointu
pour mon ventre de ballon.
Je dors dans mon rond
qui dort

comme tous les ronds.

 

Eau.
Jeu d’eau.
Je suis de l’eau.
Je suis tant d’eau !
75% d’eau…
Je l’ai lu, lu de mes yeux lu :
je suis soixante quinze pour cent d’eau !

Je suis tant d’eau !
Tendu d’eau !
Comme une bouillotte
où je flotte.
Tendu d’eau, mais d’eau d’où ?
D’eau du ciel ou d’eau de l'oued ?
D’eau du Danube ou d’eau du Doubs ?

D’ailleurs, dodus ou pas dodus
les petits gros
ou les grands secs
on a de l’eau
jusqu’au bec !
De l’eau de mer
ou de source
de l’eau pépère
ou de course.

Si on me pressait, dans un presse-orange ou un presse-purée (électrique, pour aller plus vite), on obtiendrait trois carafes d’eau et une seule ...de restes :
. Les clés de la maison
. Un billet de banque tout ratatiné (qui serait comme quand on croit l’avoir
perdu et qu'il est passé à la lessive)
. Une idée noire en acier inoxydable
. Le capuchon de stylo que je mâchonnais à ce moment-là
et le nom de mon amour tatoué au creux du bras que je gardais plié.

Trois carafes d’eau
pour une de restes !
mais, c’est un exemple, ça pourrait être des gourdes.
Trois gourdes d’eau !

Je suis de l’eau !

Je l’ai lu je le dis
je l’eus dit je le dilue
Je suis de l’eau
de-ci de-là
de l’eau !

Est-ce un délit
d’être de l’eau
d’aller au lit
en pédalo ?

Depuis que je le sais, je me sens pousser des vagues.
Quand je mange du poisson, je me prends pour un bocal.
L’été, je bous d’impatience, j’ai des absences, je suis dans les nuages.
L’hiver, je reste de glace même quand on me chatouille.
Je fais des bulles et lorsque je raconte des histoires, je rougis comme un diabolo grenadine.

J’aime surtout m’étendre en buée sur les vitres, de tout mon long, comme une peau très fine entre le dedans et le dehors et que des doigts rêveurs viennent écrire des mots doux sur le verre en écartant mes gouttelettes.

Je suis de l’eau !

Je déborde d’énergie. J’ai du mal à me contenir, je ruisselle, je m’épanche, me répands.
Quand je me jette à l’eau pour faire les choses les plus folles, je suis dans mon élément.
Par prudence, je sors toujours de la baignoire avant d’enlever le bouchon.
J’écris des romans-fleuves pour les sirènes bleues des océans qui m’habitent
et des poèmes-sources pour les marins qui les parcourent.
J’appréhende la tempête et tous ces équipages échoués au fond de moi.

Je suis de l’eau !

Le soleil me voit d’un autre œil
et je supporte les bateaux
- mieux les barques que les cargos (kekelékargo ?)

Je suis de l’eau !

Les soirs d’automne, je pianote sur les tables de jardin, pour noyer mon chagrin.

Moi qui étais fidèle à mon apparence, j’épouse toutes les formes que je rencontre, en grande pompe !

Passant près d’un restaurant, voilà que je salive et mes lèvres sont comme la dune où déferle l’écume savoureuse du large.

Parfois, quand je me baigne, je me perds. Je ne sais plus où je suis.
A part la couleur du maillot, allez distinguer de l’eau de de l’eau !

En général, c’est un courant qui me dépose sur la plage. Les courants sont charitables, ou curieux, mais ils n’ont pas toujours le sens de l’orientation : ils abandonnent les gens dans un endroit inconnu, très loin de chez eux.

Un soir que j’émergeais du sable, j’ai entendu :
« Je suis tant d’Homme ! 75% de l'Homme !… je l’ai vu, vu de mes yeux bus !
Il est cousu de moi.
Je suis dans son manteau de peau.
Depuis le premier jour
il me boit, je le fais danser
il me voyage, je le transporte
il est sur mon dos, je suis dans son ventre.
Nos vies coulent l'une dans l'autre.
Six milliards d'hommes… et moi, seule au milieu de chacun !
Ils sont toujours plus nombreux.

Je suis presque à marée basse.
Pour qui d'entre eux ma dernière goutte ?»


J’étais content de rencontrer quelqu’un d’aussi mélangé que moi, mais je n’ai pas eu le temps d’engager la conversation : rappelée par une lame de fond jalouse ou un banc de poissons en retard sur l’horaire, elle s’est éclipsée dans la nuit.

Depuis, son souvenir flotte sur ma peau, comme une essence insoluble
un baume pour les jours de feu.
Je suis pris de houle au premier courant d’air.
Le moindre creux de vague me fait monter aux yeux un paquet de haute mer.
J’ai doublé ma ration de sel pour pouvoir disparaître au large sans attirer son attention.

Et vous ?
Si un assoiffé, distrait, langue pendante, passait… et vous buvait ?

On est là, les uns à côté des autres, comme une exposition d’aquariums !
Notre vie est si fragile, notre secret peut-être mal protégé ?
Une fuite serait fatale.
Un jour, si ça tombe, vous finirez dans le Niagara !

Moi, je me suis loué dans une histoire
comme flaque.
Je retiens le ciel !
○○○
 

- Un jour, je ne me souviendrai plus
d’avoir dit ça.
- Quoi "ça" ?
- ça, tout ça...
  Ce jour-là n’a aucune importance
et n’en aura jamais.
Il pourra bien y pleuvoir bleu
ou des fourmis rouges en talons aiguilles régner sur la planète
le jour où je ne me souviendrai plus
d’avoir dit ça
...je ne le dirai pas.

Le jour où je ne me souviendrai plus
d’avoir dit ça
n’existe pas !