Droits SACD

avec F. Philipponnat, dans une performance mémorisée
& Nadine Cabarrot, comédienne : lecture en écho.

"Corps de salive, matière sèche du texte"

Entre flaque & océan.
Style et longueur du texte vont de l'aphorisme au fleuve d'alexandrins.
L'eau insaisissable devient la métaphore du langage en mouvement permanent.

Spectacle Joué en MÉDIATHEQUES, Théâtres et Festivals de poésie
souvent associé à l'exposition "AQUAGRAMMES" - Photos de N. Cabarrot http://www.nadinecabarrot.com

Fiche technique et espace scénique minimes. Durée : 66mn

Budget : 2 cachets Guso 250 € net / Frais de déplacement (depuis le Gard) / accueil / selon projet


EXTRAITS  (+ : voir en page Livres )

Flèches des douches lymphe   des marécages limonade   des océans semence   des lagunes lait   des nymphes Lorélou larmes lave des langues dans les puits liqueur lucernaire   au fond des fosses à l’instant où la méduse allume les lunes lamparos errant dans la luxuriance du vide et la glossolalie des pseudonymes la carte  d’identité de l’apparence n’a ni   dessus ni   dessous L’eau   est une idée qui me désenvahit J’y plonge   vêtu de mensongesJe la dissèque avec un bistouri d’images

Dans mon ventre fermé son ventre ouvert   absence éclatante dans la vasque répétée des paumes tendues.

Nous mourrons pour n'avoir pas voulu changer de forme !


J’orpaille dans le fond des marmites de géants
l’étoffe des remous, les tourbillons de Loire
et l’œil bleu des torrents assoupis dans les gourds.

Non pas que je n’aie pas de consistance
-mes jambes me maintiennent vertical et ma cage thoracique m’empêche de m’époumoner-
mais, c’est plutôt que j’osmose, traversé par le monde que je traverse.
Je m’épuise, plein de l’épuisement d’une autre, je suis la résurgence d’Alphée, une absence qui s’insurge de l’autre côté de soi.

Suis-je bien le même
qu’on voit réapparaître
avec la marque profonde du sel ?

Le livre qui passe sous la mer, la fonde.

Singulièrement
ne se mélange pas
cette eau
avec l’eau

Demeure la traversée sans bornes
intime conviction


E A U

Trois voyelles découpent la courbure
en segments
pour la mesure topologique

Le sens gagne
par voisinage de terre mouillée
ravive les paroles asséchées

Sur la vitre tiède
la buée va lâcher prise

Caresse fracassée sur l’arrondi des chutes

  
(se dit en faisant tournoyer un seau d'eau)


Avant le premier mot est une salive
étreinte meurtrière d’eau et d’air
L’origine est la continuité
l’alluvion imaginaire avant l’estuaire !

Poème sonde du monde mon lit de limon du large défait par l’insomnie de l’eau tournoyée jamais arrêtée Sisyphe du cercle révolution du cerveau droit devant sans direction Le compas planté en lui-même L’onde       balaie le chaos subjugué Le muscle     tendu maintient la cohérence du lieu La succession   poursuit l’accident La chute    s’agrippe à sa répétition contient    le répandu Encore un tour ! Juste un tour ! avant que ne s’échappe l’enfance !

Tourne Tourne avec l’eau tournoyée !
L’eau est le moteur de son mouvement Le mouvement   invente sa forme passagère dans le seau L’illusion    suspendue à mon geste éphémère retient le désir qu’elle invoque Le cycle    ravale son crachat Toi    axe écartelé par l’appel de la roue.
Tu ne peux ni céder à la tangente !

L’immobile est le tremplin des instants !
Je m’en remets à l’écriture d’océan
au plus proche de son objet.
Les souvenirs remontent vers le fond
J’avais dans les yeux la carte au 1/1ème.
Tout se tenait dans le miroir de cet unique repère
L’eau était réduite et multipliée par un jivaro intérieur maître des formes
Tourne !
C’était l’époque où le fleuve avait deux bras
Un amour fou jetait les ruisseaux à la mer
Sarasvati coulait des jours heureux et prenait des poses de jeune fille.
Pour la musique, je me satisfaisais d’une vague déferlée contre les pieux visqueux d’un débarcadère allongée d’un pétillement d’écume et, en arrière,
du roulis des galets d’un rivage islandais.
Tourne, tourne, l’eau tournoyée !
Tu ne peux ni céder à la tangente !

Un trou de ciel me dit : Ne finis pas ta phrase !
Il ne faut pas croire à l’étroitesse de la porte Au franchissement elle offre son ouverture -Ce langage-là se tient en dehors de moi-
Tourne !
L’eau se drape dans la transparence
pas encore dépouillée de la pitié !
Tourne !
Son retrait laisse la place entre deux conquêtes offre de la marée basse !
Tourne !
Je dois raccompagner l’extase dans l’outre d’où elle vient !
Tourne !
me contenter d’apprendre l’art plastique parmi les pieuvres !
Tourne !
lécher le fond des encriers !
Tourne !
Maintenir le regard primitif !
Tourne !
l’affinité profonde et finissante et qui veut l’infini !
Tourne !
Le grand bleu nuit, jusqu’à l’or !
Tourne Tourne l’eau encerclée !
Ne faire demi-tour qu’au butoir de la pensée !
Tourne !
La folie est un seau arrêté !

Le barrage sur la vallée est révoltant.
Tourne !
La trouée dans le barrage est révoltante.
Tourne !
Les deux révèlent l’inexistence du lac.


Diogène a rejeté l’écuelle, mais pas l’eau.
Inventerai-je un vase entre moi et moi ?


Le mouvement de ce qui coule invente son territoire.
Au début, aucun esprit ne plane sur les eaux.
De la gravité naît la géographie.
De la pente, la coulée.
Le fleuve accouche de sa profondeur.
Lui et son lit n’étaient pas faits l’un pour l’autre.
La terre, hospitalière, reçoit ce qu’elle n’attendait pas.

Chassés de Thalassa, nous errions sur les berges brûlantes, serrant contre nous notre réserve et le spleen du grand fond.

OÙ EST L’EAU SANS LES RIVES SANS L’EAU OÙ SONT LES RIVES OÙ EST LE LIEU DE L’ENTRE DEUX ÉCHOUAGES ?

Dès qu’une ligne est distinguée d’elle-même par le tracé d’une autre ligne parallèle,
un espace infini les sépare.

En face invente la nostalgie
et L’INUTILITÉ DES BATEAUX !


Filles sur la jetée
L’arête vive du littoral
déchire le bleu
des chevelures dénouées

 

LES ENFANTS VEULENT JOUER À L’EAU, MAIS ILS NE DOIVENT PAS SE MOUILLER ! ON LES AVAIT DÉJA PRÉVENUS AVEC LA TERRE ET LA POUSSIÈRE ! ET VOILÀ QU’ILS JOUENT À LA BOUE, À LA GLAISE ! ILS PRÉTENDENT AVOIR RENDEZ-VOUS AVEC LE FOURNIL SOUTERRAIN. ILS DISENT : EAU + FARINE = PÂTE À PAIN + FEU = PAIN MANGER PAIN + EAU = MERDE CHIER PÂTE = EAU EN TERRE PÂTE – EAU = POUSSIÈRE = FARINE + EAU = FAIRE DES GÂTEAUX, JOUER À LA TERRE, JOUER À LA BOUILLABAISSE JOUER ! REDEVENIR LE MAITRE DU JEU, FABRIQUER LE MONDE D’UNE BOULE DE TERRE ET D’EAU PÉ-TRIES, INTIMIDER, ASSOUPLIR LA PIERRE DE L’AUTRE VENTRE IMAGINAIRE, PRENDRE SA PLACE DANS L’OMNI-PRÉSENCE, MÉDITER SUR L’UNION DES MATIÈRES CONTRAIRES, AVANT LA MORT ÊTRE UN AVATAR D’ÉCUME, OU D’ARGILE, TERRAQUÉ SACRIFIÉ SUR L’AUTEL MÉTIS, S’EMBOURBER LE CERVEAU DE LA JOUISSANCE DU VISQUEUX ; TAPIOCA DE LA MER ROULÉ DANS SON LIMON.
LES ENFANTS JOUENT À L’EAU, ET VOILÀ QUE LEUR CHIEN CREUSE LE SOL, VERS LES SENTEURS DE L’HUMIDE ET QUE TOUT LE MONDE S’Y MET. VOILÀ QU’ILS VEULENT DEVENIR AGRICULTEURS ET FENDRE LA TERRE AVEC LE SOC DE LEUR HORS-BORD -CHRIS-CRAFT- FAIRE COULER LES LÈVRES DE GLÈBE, EN PLIS COLLETÉS, DE PART ET D’AUTRE DU SILLON, QU’ILS VEULENT EUX AUSSI FÉCONDER PAR UNE PLUIE D’OR !

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